Projet en cours... Sortie prévue fin 2015.
Un certain « mal de vivre » semble régner dans les communautés amérindiennes de Guyane. De nombreux suicides ont été recensés dans plusieurs villages de la région du Haut Oyapock et du Haut Maroni. Ce taux de suicide, incroyablement élevé, dépasserai de plus de 15 fois celui de la moyenne nationale.
Le drame qui se joue aujourd’hui en pays amérindien n’est pas nouveau, il est la réplique d’un vieux problème de l’histoire du monde. Celle de la rencontre d’une société forte et dominante et d’une société affaiblie et dominée. Cette « conquête », irrésistible et profondément inégale, amène autant de désordre que de violence.
Les causes profondes de leur malaise sont multiples : l’isolement ; le choc culturel et donc la perte des repères traditionnels, de l’estime de soi, de sa culture et de sa langue ; l’école républicaine qui remplace « l’enseignement » traditionnel et qui rompt les liens d’avec les ainés et leurs savoirs ; la séparation familiale pour étudier au collège ou au lycée; le chômage et le stress socio-économique ; des aides sociales (RMI, CAF…) qui bouleversent les fondements de leur organisation sociétale ; le racisme des populations environnantes…
Prises en étau entre un monde autochtone fragilisé et un monde occidental de plus en plus présent, de nombreux spécialistes sont d’accord pour dire qu’il n’est pas sûr que les cultures amérindiennes puissent y survivre.
Mon projet « D’une rive à l’autre» posera ces questions aussi essentielles qu’universelles sur l’identité et la mémoire :
Qui suis-je ? Quelles sont mes origines ? Où vais-je ?
Les populations amérindiennes de la Guyane française sont principalement implantées le long du littoral et le long des fleuves Maroni et Oyapock qui délimitent respectivement la frontière avec le Suriname et le Brésil. Traverser le fleuve c’est aller ailleurs, chez l’autre, par envie, nécessité ou obligation.
Aujourd’hui les amérindiens sont à un moment charnière de leur histoire et doivent donc entreprendre cette traversée pour atteindre l’autre rive et ainsi intégrer cet autre monde, plus imposé que choisi. Qu’emporteront-ils avec eux ? Que garderont-ils de leur identité, de leur culture, de leur mémoire collective ? Est-ce possible d’être à la fois amérindien et français ?
Le but n’est pas d’opposer un monde à un autre, de dire que le monde d’hier était mieux que celui d’aujourd’hui, d’exalter le monde amérindien et décrier le monde occidental (ou inversement)… mais plutôt de faire naître une réflexion sur ces changements et bouleversements que l’humanité a toujours vécu. Les cultures, les langues, les identités et les sociétés, si petites soient elles ont toujours évolué et se sont toujours construites avec ou contre « l’autre ».
(Le reste du projet photographique et de témoignages peut être montré sur demande)