La vérité sous la terre
"Lorsque le travail d’exhumation a commencé, un homme de Nebaj s’est approché de moi et m’a demandé :
« Vous cherchez quoi au juste en exhumant les morts ? Vous voulez que la guérilla vienne encore vous pourrir la vie ou vous cherchez à faire du fric avec tout ça ? Vous allez voir, dans quelques années, on va tous se rendre compte que tout ce que vous êtes en train de raconter partout ce ne sont que des mensonges et qu’ici il ne s’est jamais rien passé. »
Ce monsieur, je le connais, moi. Il a été patrouilleur et il a peur parce que nous savons tous que ce n’est pas la guérilla qui est venue nous tuer. Ce sont eux et les soldats. De plus, le travail des anthropologues nous permet de connaître la façon dont les gens ont été massacrés et on peut aussi savoir qui ont été les responsables. Et ça, il le sait bien, lui. C’est parce qu’il a peur qu’il dit que tout est un mensonge, parce que peut-être que lui, il a tué des gens, peut-être qu’il a participé avec l’armée aux massacres et il sait bien que maintenant nous avons les preuves de ce qu’ils ont fait.
Aujourd’hui ce sont eux qui ont peur."
Margarita Chel Bernal, 50 ans. Maya-ixil.
16 décembre 2003.
Dans les cas où les victimes n’auraient pas été identifiées par les analyses de laboratoire, les vêtements retrouvés dans les cimetières clandestins sont exposés, afin que les familles puissent, en dernier lieu, reconnaître un proche disparu.
(extrait du livre "La vérité sous la terre" éditions Parenthèses)