LETTRES AUX ABSENTS... (La vérité sous la terre)
EXTRAIT :
Tontons,
Peut-être m’écoutez-vous, je m’appelle Amílcar Mucú Ical, j’ai neuf ans et je suis en primaire à l’école de Tzibal. Moi, je ne sais pas encore pourquoi il y a eu tant de morts, mais je sais qu’ils vous ont tués et c’est pourquoi je ne vous ai pas connus. Je n’ai vu que vos restes car on vous a enterrés devant moi.
Je ne sais encore rien de ce qui s’est passé, mais nous, les enfants, nous ne voulons plus voir les armes qui tuent, et nous ne voulons pas revivre ça. Ce serait bien si personne ne devait à nouveau connaître cette souffrance, cette douleur et qu’on puisse vivre enfin en paix dans tout le pays. J’aimerais aller à l’école longtemps pour pouvoir avoir des idées. Comme ça nous, les enfants, nous pourrons trouver des solutions pour ne pas avoir à subir les mêmes choses.
Tontons, vous qui êtes morts dans la tristesse, où que vous soyez, prenez soin de vous.
Je vous embrasse et merci beaucoup de m’avoir écouté.
À bientôt,
AMÍLCAR
Amílcar Mucú Ical, 9 ans.
Lettre du 30 avril 2005, traduite du maya-q’eqchi’, à ses oncles, Arnoldo Ical (20 ans) et José Ical (18 ans), enlevés et assassinés par les militaires le 19 septembre 1982. Ils ont été exhumés le 14 septembre 2002.
Tiré du livre "La vérité sous la terre" Éditions Parenthèses.