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LETTRES AUX ABSENTS... (La vérité sous la terre)
EXTRAIT:
Ermenegildo,
Mon coeur souffre. Maintenant que tu n’es plus là, ce n’est plus pareil. Ce n’est plus comme lorsque nous étions ensemble… nous avions une si bonne relation. Tes enfants souffrent aussi. Ils sont tristes parce qu’ils n’ont jamais pu te voir, ils ne savent pas où tu es, ils ont perdu l’espoir de te revoir un jour. Nous sommes malheureux parce que nous ne t’attendons plus. Lorsque tu étais là et que tu partais travailler, je t’attendais à la maison puis, à ton retour, tu venais m’embrasser et tu me donnais de l’argent pour mes petites dépenses.
Mon coeur est malheureux parce que je suis maintenant toute seule avec mes enfants. Lorsqu’on t’a enlevé, j’étais enceinte et cet enfant a souffert de ne pas avoir eu de papa. Ça a été comme ça pour nos deux enfants. Cela a été d’autant plus difficile pour eux parce que ce sont des garçons. (...) Nous les mères, nous pouvons éduquer les filles, mais les garçons c’est plus dur à élever. Ton fils le plus jeune, il est parti traîner dans la rue et il a commencé à boire avec ses copains et personne n’était là pour le conseiller, pour l’empêcher de faire des bêtises. C’est pour ça qu’il a fini en prison, parce que tu n’as pas été à ses côtés pour lui montrer l’exemple ni pour lui donner de bons principes. Mais tout ça c’est à cause de la guerre, c’est parce qu’ils t’ont tué et c’est cela qui me fait le plus mal.
(...)
Je veux que tu saches que depuis ta disparition je n’ai pas cessé de lutter pour te retrouver jusqu’à ce, qu’enfin, récemment, j’ai pu exhumer tes restes. Nous allons bientôt pouvoir t’enterrer en bonne et due forme au cimetière. Tes enfants et tes petits enfants pourront faire ta connaissance et nous te rendrons visite pour t’apporter des fleurs et des bougies. (...)
Voilà ce que je peux te raconter.
TA FEMME
Mon coeur souffre. Maintenant que tu n’es plus là, ce n’est plus pareil. Ce n’est plus comme lorsque nous étions ensemble… nous avions une si bonne relation. Tes enfants souffrent aussi. Ils sont tristes parce qu’ils n’ont jamais pu te voir, ils ne savent pas où tu es, ils ont perdu l’espoir de te revoir un jour. Nous sommes malheureux parce que nous ne t’attendons plus. Lorsque tu étais là et que tu partais travailler, je t’attendais à la maison puis, à ton retour, tu venais m’embrasser et tu me donnais de l’argent pour mes petites dépenses.
Mon coeur est malheureux parce que je suis maintenant toute seule avec mes enfants. Lorsqu’on t’a enlevé, j’étais enceinte et cet enfant a souffert de ne pas avoir eu de papa. Ça a été comme ça pour nos deux enfants. Cela a été d’autant plus difficile pour eux parce que ce sont des garçons. (...) Nous les mères, nous pouvons éduquer les filles, mais les garçons c’est plus dur à élever. Ton fils le plus jeune, il est parti traîner dans la rue et il a commencé à boire avec ses copains et personne n’était là pour le conseiller, pour l’empêcher de faire des bêtises. C’est pour ça qu’il a fini en prison, parce que tu n’as pas été à ses côtés pour lui montrer l’exemple ni pour lui donner de bons principes. Mais tout ça c’est à cause de la guerre, c’est parce qu’ils t’ont tué et c’est cela qui me fait le plus mal.
(...)
Je veux que tu saches que depuis ta disparition je n’ai pas cessé de lutter pour te retrouver jusqu’à ce, qu’enfin, récemment, j’ai pu exhumer tes restes. Nous allons bientôt pouvoir t’enterrer en bonne et due forme au cimetière. Tes enfants et tes petits enfants pourront faire ta connaissance et nous te rendrons visite pour t’apporter des fleurs et des bougies. (...)
Voilà ce que je peux te raconter.
TA FEMME
Ramona Morales de Paz, 54 ans.
Lettre du 26 avril 2005, traduite du maya-achi, à son époux, Ermenegildo Ixpata Gerónimo (35 ans). Enlevé le 2 avril 1982 par deux militaires. Il fut retrouvé lors d’une exhumation réalisée du 27 avril au 7 juillet 2004. Ses restes, et ceux de 72 hommes et une femme, furent localisés au fond d’un puits, situé dans l’ancienne caserne militaire de Rabinal.
Lettre du 26 avril 2005, traduite du maya-achi, à son époux, Ermenegildo Ixpata Gerónimo (35 ans). Enlevé le 2 avril 1982 par deux militaires. Il fut retrouvé lors d’une exhumation réalisée du 27 avril au 7 juillet 2004. Ses restes, et ceux de 72 hommes et une femme, furent localisés au fond d’un puits, situé dans l’ancienne caserne militaire de Rabinal.
Tiré du livre "La vérité sous la terre" Éditions Parenthèses.
Auteur : Miquel Dewever-Plana
©Miquel Dewever-Plana / VU
Dimensions Photo : 15.3 Mpixels (43,7 Mo décompressé) - 3909x3909 pixels (33.1x33.1 cm / 13.0x13.0 pouces à 300 ppp)