La vérité sous la terre
"J’ai demandé aux anthropologues un petit morceau de tissu d’un des vêtements que portait l’une des personnes massacrées, mais mon épouse n’y a pas reconnu celui que portait mon fils Ricardo. C’est douloureux parce que je vais continuer à vivre avec ma peine, sans savoir où le chercher. Les militaires sont venus l’enlever le 4 novembre 1984 et je ne l’ai plus jamais revu. Il n’avait que 24 ans. Il y a des gens qui me disent qu’il faut arrêter de remuer la terre, qu’il est préférable de laisser les choses comme elles sont, que cela ne vaut pas la peine de continuer à parler du passé et qu’il vaut mieux oublier…
Ils pensent cela peut-être parce qu’ils n’ont pas souffert la perte d’un enfant, ou peut-être que ce sont eux qui l’ont tué. Mais moi je ne pense pas comme eux. J’ai besoin de donner à mon fils une sépulture pour qu’il puisse se reposer en paix, et parce que je suis son père… Tu comprends ? Je suis son père !"
Cristóbal Lux Salpeta, 73 ans. Maya-k’iche’.
(extrait du livre "La vérité sous la terre" éditions Parenthèses)