La vérité sous la terre
"Si nous n’avions pas souffert de cette violence, ma maman, ma grand-mère, mes quatre soeurs et mon beau-père seraient ici avec nous, contents, heureux. Mais nous devons pleurer leur absence à cause de la répression. Depuis longtemps je me demande : qu’avaient ils fait ? Pourquoi les ont-ils tués ? N’y a t-il pas de justice dans ce pays ? Est-ce possible que personne ici ne soit responsable ? Y aura-t-il un jour une justice pour nous, les Indiens, les pauvres, pour tous ceux qui sont morts ? Pourvu qu’un jour Lucas García et Ríos Montt, qui ont été les responsables de toute cette souffrance, finissent en prison. C’est la seule chose qu’ils méritent. C’est la seule justice que nous demandons."
(...)
"Nous n’avons pu retourner à notre village que lorsque la paix a été signée parce que mon mari n’a jamais voulu faire partie des Pac. Même aujourd’hui je ne comprends pas pourquoi il y a eu autant de violence. La seule chose que je sais, c’est qu’à cause de cette violence j’ai trop souffert de la faim, du froid, de la peur et qu’elle nous a laissés dans une grande misère, sans maison, sans nourriture, sans vêtements et maintenant la vie est difficile pour nous. Mes premiers enfants n’ont pas pu aller à l’école parce qu’ils ont dû grandir cachés dans la montagne et la vie leur sera difficile car ils ne pourront vivre que grâce à la machette, et ils seront donc toujours mal payés. Ils vont devoir souffrir pour vivre, comme nous avons souffert nous mêmes."
Julia de León Raymundo, 45 ans. Maya-ixil. Avec ses enfants, Petrona, Rosa, José et sa petite-fille Reina Julia.
(extrait du livre "La vérité sous la terre" éditions Parenthèses)