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Lettre aux absents... (La vérité sous la terre)
EXTRAIT:
Maman,
je veux ce matin vous saluer. J’aimerais tellement pouvoir vous voir, vous toucher, mais ce n’est pas possible ! J’ai toujours envie de vous raconter mes problèmes pour que vous puissiez m’aider d’où vous êtes, mais cela est impossible puisque vous n’êtes plus parmi nous. J’aimerais tant que vous soyez avec moi. Pourquoi les soldats sont-ils venus vous tuer maman, vous, ma soeur et mes frères ? Pourquoi la guérilla a-t-elle tué mon papa ? Papa, je me souviens tellement de vous et je vous aime tant. Je me souviens tellement de vous deux et vous êtes toujours présents dans ma tête et dans mon coeur.
Pour survivre nous avons dû, Catarina et moi, venir vivre à la capitale. Mais ici nous nous sentons discriminées et accusées de certaines choses que nous ne comprenons pas. Vous savez sans doute que je me suis mariée et j’ai eu de cette union trois enfants. Il y a des moments où je ne veux rien savoir de ce qui s’est passé et, à plusieurs reprises, lorsque je suis toute seule, j’ai déjà pensé à me suicider. Parfois je pense que j’aurais préféré être massacrée avec vous maman, parce que, une fois morte, je n’aurais pas eu à souffrir chaque jour de toutes ces conséquences. Maman, je rêve souvent de vous et à chaque fois je vous demande de m’emmener avec vous car je ne supporte plus de me sentir si seule. Mais vous me répondez qu’il est trop tôt, que ce n’est pas encore le moment. Maman, je souffre trop ici-bas sur la terre. Entendez-vous mes paroles, tout ce que je suis en train de vous dire ?
J’ai grandi sur cette terre auprès de vous et c’est pour ça que je n’oublie rien. C’est seulement le jour de ma mort, que j’oublierai peut-être toutes ces choses.
VOTRE FILLE, NIL
je veux ce matin vous saluer. J’aimerais tellement pouvoir vous voir, vous toucher, mais ce n’est pas possible ! J’ai toujours envie de vous raconter mes problèmes pour que vous puissiez m’aider d’où vous êtes, mais cela est impossible puisque vous n’êtes plus parmi nous. J’aimerais tant que vous soyez avec moi. Pourquoi les soldats sont-ils venus vous tuer maman, vous, ma soeur et mes frères ? Pourquoi la guérilla a-t-elle tué mon papa ? Papa, je me souviens tellement de vous et je vous aime tant. Je me souviens tellement de vous deux et vous êtes toujours présents dans ma tête et dans mon coeur.
Pour survivre nous avons dû, Catarina et moi, venir vivre à la capitale. Mais ici nous nous sentons discriminées et accusées de certaines choses que nous ne comprenons pas. Vous savez sans doute que je me suis mariée et j’ai eu de cette union trois enfants. Il y a des moments où je ne veux rien savoir de ce qui s’est passé et, à plusieurs reprises, lorsque je suis toute seule, j’ai déjà pensé à me suicider. Parfois je pense que j’aurais préféré être massacrée avec vous maman, parce que, une fois morte, je n’aurais pas eu à souffrir chaque jour de toutes ces conséquences. Maman, je rêve souvent de vous et à chaque fois je vous demande de m’emmener avec vous car je ne supporte plus de me sentir si seule. Mais vous me répondez qu’il est trop tôt, que ce n’est pas encore le moment. Maman, je souffre trop ici-bas sur la terre. Entendez-vous mes paroles, tout ce que je suis en train de vous dire ?
J’ai grandi sur cette terre auprès de vous et c’est pour ça que je n’oublie rien. C’est seulement le jour de ma mort, que j’oublierai peut-être toutes ces choses.
VOTRE FILLE, NIL
Catarina et Petrona Terraza Chávez (39 et 37 ans). Elles habitent aujourd’hui Ciudad Guatemala.
Lettre du 3 mai 2005, traduite du maya-ixil, à leur père, Pedro Terraza de León (38 ans), assassiné par la guérilla en novembre 1981 et enterré le lendemain ; à leur mère, María Chávez Brito (37 ans) et à leurs frères et soeur : María, Francisco et Miguel (7, 5 et 3 ans), victimes du massacre perpétré par l’armée le 25 février 1982, parmi trente-cinq autres femmes et enfants. Leurs restes ont été exhumés en septembre 2002 et inhumés en décembre 2003.
Lettre du 3 mai 2005, traduite du maya-ixil, à leur père, Pedro Terraza de León (38 ans), assassiné par la guérilla en novembre 1981 et enterré le lendemain ; à leur mère, María Chávez Brito (37 ans) et à leurs frères et soeur : María, Francisco et Miguel (7, 5 et 3 ans), victimes du massacre perpétré par l’armée le 25 février 1982, parmi trente-cinq autres femmes et enfants. Leurs restes ont été exhumés en septembre 2002 et inhumés en décembre 2003.
Tiré du livre "La vérité sous la terre" Éditions Parenthèses.
